Certaines particularités physiques ou soucis de santé de l’enfant sont trop souvent l’objet de contre-indications abusives aux sports. La scoliose, les douleurs de rotule, l’asthme, le " souffle au cœur " ou l’obésité sont des exemples caractéristiques. Souvent, ces problèmes n’altèrent pas la performance. Plus rarement, la prestation sportive est moins bonne car l’effort physique met à contribution une fonction quelque peu défaillante de l’organisme. Mais, dans ces circonstances, le sport parvient à entraîner le corps afin qu’il compense, rééduque voir corrige son handicap. Ainsi, détecter ces particularités se révèle essentiel. Dans la majorité des cas, on peut rassurer les parents et l’enfant puis encourager toutes formes d'activités physiques. Souvent, il est bon de donner certains conseils pour aider au choix de la discipline ou pour moduler sa pratique. Plus rarement, parallèlement au sport, un suivi diététique, un traitement médical ou kinésithérapique doit être instauré. Alors, ces enfants peuvent bénéficier de tous les bienfaits de l’exercice : ils entraînent leur cœur, ils densifient leurs os, ils renforcent leur dos, ils moulent leurs articulations et brûlent des calories. Ils prennent plaisir à bouger et s’épanouissent avec leurs amis. Parfois même, lors des compétitions, ils s’affirment dans le succès. Mieux encore, ces sportifs " particuliers " se soignent grâce à l’activité physique ou constatent qu’ils sont comme les autres.
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PARTICULARITES PHYSIQUES ET SPORT
La Scoliose et la déviation scoliotique
En cas de scoliose la colonne vertébrale s’incline, bascule et tourne comme une spirale. Au contraire, l’attitude scoliotique n’est qu’une déviation latérale. Cette dernière n’impose aucun traitement. Elle autorise tous les sports notamment lorsqu’elle compense une inégalité de longueur des membres inférieurs de moins de 1,5 centimètres. En revanche, la scoliose mérite une surveillance annuelle ou biannuelle surtout en période pubertaire. Lorsqu’elle est inférieure à 13°, le sport constitue l’unique thérapeutique. Il ne faut pas cantonner l’enfant à la natation et aux " sports d’extension " comme le basket ou le volley. Même les disciplines en rotation comme le tennis se sont révélées bénéfiques. Seul le judo est à pratiquer avec modération car il provoque des chutes et impose de porter ses adversaires de façon asymétrique. Lorsque la scoliose se situe entre 13 et 25°, le sport s’associe à une rééducation ciblée. Ces deux activités physiques permettent de conserver une bonne souplesse de la colonne et du thorax, renforcent et améliorent la coordination des muscles longeant les vertèbres. L’éducateur sportif prend soin d’intégrer à sa séance quelques exercices spécifiques tout en évitant les douleurs au voisinage des vertèbres. Il Malheureusement, l’exercice physique n’a pas la prétention de limiter l’évolution de la scoliose. En cas d’aggravation rapide ou d’angulation supérieure à 25°, un avis spécialisé est indispensable car le port d’un corset est envisageable. Ce dernier pourra être enlevé au cours des pratiques sportives de loisirs qui restent salutaires.
Les douleurs de rotules
En avant du genou, la rotule coulisse dans un couloir osseux creusé dans le fémur. Lorsqu’elle frotte ou se cogne pendant son trajet, elle devient douloureuse. Pendant l’enfance, l’activité physique contribue à la formation de cette articulation ; la contraction du muscle de la cuisse moule un sillon plus profond. Ainsi, la rotule est mieux emboîtée et son trajet est plus harmonieux. A la puberté, chez la jeune fille, les ligaments gagnent en souplesse et les hanches s’élargissent. La rotule est moins bien maintenue et glisse vers l’extérieur de son couloir osseux. Le sport permet d’améliorer la force, l’endurance et la coordination du muscle guidant la rotule. L’éducateur s’efforce de proposer une activité physique ne provoquant pas de douleur. Il évite les positions à genou ou les accroupissements et proscrit la marche en canard. Il ne propose pas d’exercice imposant le maintien de posture prolongée en flexion comme les fentes et « la chaise ». Il oriente l’enfant vers le crawl plutôt que vers la brasse. Il conseille la pratique du vélo en moulinant sur de petits braquets.
L’asthme.
L’asthme provoque une restriction du calibre des bronches qui gène l’expiration. Le sport favorise parfois la survenue de crises en augmentant le flux d’air qui irrite, refroidit et assèche les bronches. Ce phénomène survient volontiers en fin d’effort intense et continu, lorsque l’air est froid, sec, pollué ou porteurs de substances allergisantes. L’éducateur propose plutôt des activités discontinues comme le tennis ou les sports collectifs. Lors des activités d’endurance, il contrôle que l’enfant reste en dessous du seuil d’essoufflement. En cas de conditions climatiques à risque, il peut ponctuellement exempter l’enfant. Un traitement médical est fréquemment proposé. L’éducateur s’assure du bon suivi médical et de l’administration du spray avant la séance. Dans ces conditions le sport constitue une véritable rééducation respiratoire qui l’aider à diminuer ses médicaments. Sous la surveillance de l’éducateur, l’enfant s’efforce respirer au maximum par le nez pour réchauffer l’air entrant dans les poumons. Il apprend à souffler lentement pour éviter d’écraser les petites bronches. L’échauffement doit être très progressif et discontinu. En effet, l’arrêt de l’effort provoque parfois une petite crise suivie d’une période sans crise appelée « phase réfractaire ». On profite de ce moment pour réaliser la séance de sport. En pratique, après 5 minutes de trottinement, l’éducateur programme 2 à 3 séries d’accélérations de 30 secondes suivies de 1 à 2 minutes de récupération passive. La natation dans une eau faiblement chlorée se révèle idéale car l’air y est chaud et humide et notre jeune sportif apprend à souffler contre résistance. En revanche, la plongée est strictement contre-indiquée. En cas de crise survenant en profondeur, l’air prisonnier des poumons se distendrait lors de la remontée et provoquerait des lésions alvéolaires gravissimes.
Le souffle au cœur
Un souffle anodin est perçu lors de l’auscultation cardiaque chez 70% des enfants. En effet, l’éjection du sang par un cœur vigoureux à travers des vaisseaux encore étroits provoque quelques turbulences audibles. Un souffle pathologique est également entendu en cas de rares anomalies cardiaques. Il peut s’agir soit d’une obstruction de l’orifice d’évacuation du cœur soit d’une fuite par malformation des valves séparant les cavités cardiaques. Il faut évoquer ces hypothèses quand le souffle ne se modifie pas quand l’enfant inspire ou change de position et surtout quand il s’associe à des palpitations, des malaises ou des pertes de connaissances. En cas de doute, une échographie permet une analyse précise de la morphologie du cœur. Si le souffle est anodin, le muscle cardiaque est totalement sain, il n’y a aucune restriction sportive ! L’éducateur prend soin de rassurer l’enfant ! Si ce dernier perçoit parfois un «essoufflement», l’enseignant lui rappelle qu’il s’agit d’un phénomène naturel en cas d’entraînement intense sans rapport avec son «souffle» au cœur.